Notes sur l'écriture
depuis janvier (poésie)
Je prépare peut-être un prochain livre, mais je n’en ai pas l’impression
l’imprimé, sur papier
du record de fou
du feu
du fléau
J’enjambe les transgressions comme on allume une allumeuse
dans son bain qui fume
une cigarette
Je refuse d’être rabaissée par
la petitesse
la considération est importante
*
Saurai-je trouver le puits? Celui qui stagne sans fond apparent, maître de tous les lieux?
Jadis, à une époque révolue, les combles abritaient les songes. Ils évoluaient, superflus, dans les miasmes
les marasmes dorés
Une énième chanson les accompagnait
Souvent toujours la même pour les mettre en transe. Ils n’osaient pas se réveiller.
*
L’écriture. La considérer comme un souffle, un soufre, une sépulture d’allitérations, y aller des méandres et du marasme. La place que je lui fais est glauque, élucubrations noires. Je n’ai pas de mailles à partir avec les requins, le rotins, l’idée d’enchaîner avec une autre idée
Le séjour pièce ou lieu
Je suis devenue adulte
Je suis devenue l’adulte que je voulais être il n’y a pas si longtemps
*
J’imagine des choses. Des projets, des bancs, du lifestyle. J’accumule les petites choses pour décorer les espaces. Chaque objet a un sens, chaque objet a une valeur.
Il faut que les études le prouve.
Il me faut des recensions, des avis, des journées de congé à flâner.
Donnez-moi 5 millions $ et je suis settée pour la vie.
*
Ce sont des efforts de temps, toute cette écriture. Je n’aime pas m’enflammer. Burster en flammes.
Qu’une lumière s’allume pour faire suite à l’étincelle, s’il vous plaît, parce que la flamme brûle et que par mégarde, elle sera hors de contrôle.
Je ne veux pas. Je suis solitaire et je suis fatiguée.
*
Il faut bumper, bumper les intransigeants et les incantations
notoire, titulaire, tributaire, patibulant, probant, probation, probatoire, patinoire, patiner sur les échardes
la cour asphaltée qui mène à l’aréna
Quelles sont les considérations propices aux changements d’eau
au tuyautage des égoûts
à l’ahurissement du rivage
Est-ce qu’un jour mes mains reviendront
Une poupée amputée dans le drame, la perte de mes mains étouffées
strangulées
strangulations
*
Quelques instants volés, nécessaires pour la vie à deux, la vie à vivre.
Un régime d’écriture qui a montré ses preuves à défaut de quoi rien n’existerait.
*
Je n’aime pas cette jeune femme sans anicroches qu’elle s’imagine être. Je n’aime pas son ton sans béguins et ses frasques limpides, sans réelles souffrances. Je n’aime pas les gens qui ont tout, dans l’atmosphère comme dans la personnalité, j’aime les portraits en faille parce qu’on y retrouve le vrai, la beauté, la communauté des ataxiques.
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Encore l’écriture, je n’y échappe pas, c’est un devoir.
*
J’ai rêvé qu’il y avait tout un monde derrière celui de mes parents
différent merveilleux
mais avec ses torts aussi
qui leur sont inconnus
Un monde très peuplé mais surtout
un parc d’attractions
J’ai rêvé que mon grand-père était mort et que ma mère ne (nous?) m’avait pas invitée aux funérailles. Je les ai manquées (nous? ma soeur et moi?).
Ensuitre j’ai rêvé que maman était morte
Je me suis demandé ce que mon père allait faire
Je repense à son sourire
à ses yeux souriants
quand il a vue que je saisissais bien les mécanismes fiscaux.
La cuisine était surdimensionnée. Il fallait faire des travaux.
*
Le retour de l’écriture, mais à quoi bon. Je me garde pour un moment qui n’arrive pas, je me garde pour de bon, dans les méandres.
Je ne sais plus qui je suis.
*
Au moins j’ai pris ma douche, au moins j’ai bu un café.
L’entourloupette pour me dire que « je ne fume plus », c’est que je ne m’achère plus de paquet. C’est assez facile.
En écrivant je pense à autre chose. Je pense aux joies ternies
À la peur
du noir, petite
de l’abandon
du rejet, grande
*
Ça serait intéressant de voir le désir
le souhait de non maternité par rapport à sa relation avec sa mère.
La relation mère-fille et son impact sur la maternité.
Serons-nous une génération qui ne demandera jamais à l’Autre s’il y a un désir d’enfant?
Je n’ai aucun désir d’être grand-mère.
*
Il n’y a pas de sens à l’identité, de sens propre. L’identité n’est pas définissable, mais observable. On peut la voir de l’extérieur.
Il faut accepter d’être un tout constitué de nombres en monvance, d’images comme un rêve à se souvenir. Inatteignable, il suffit de suivre un chemin, de se laisser porter par l’aventure du soi.
C’est pour ça que je suis contre les étiquettes, et l’autodéfinition est vouée à être source d’angoisse.
L’auto-observation répond mieux à son besoin de sens. Une capture d’écran, un moment fixe, un instantané de sa personne, dans l’auto-définition, est voué à l’obsolescence au moment où il est formulé, où il est construit.
Suivons le chemin. Laissons-nous couler.
L’étiquette est une bouée
car la peur de la connaissance est grande
La peur d’être qui nous sommes
Être : verbe intransitif
Métonymie : le transfert de sens
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